- Le Pacte -

Cela faisait maintenant plusieurs semaines que Khrung recherchait activement Dame Lirwen, sa promise, dans les profondeurs de Khazad Dum. Personne ne l'avait vu passé la porte de Durin et les mines de la Moria sont vastes et pleines de dangers. Plus l'expédition avançait et plus Khrung remettait en cause, bien que de manière inconsciente, sa réelle motivation. L'amour est un sentiment qui n'existe pas chez les nains et plus le temps passait, plus ce sentiment qui avait jadis subjugué Khrung se dissipait.

Sans le savoir vraiment, le nain n'arpentait la Moria que par fierté et par goût du danger. Son allégeance à Dame Améthiste et son amour pour Lirwen, c'était du vent.

D'ailleurs, Khrung commençait à y voir clair lorsqu'il s'aperçut qu'il passait parfois plusieurs jours dans les forges de la 21e salle à peaufiner son art et à négocier des heures durant les prix de minerai récolté sur place par les mineurs de la garde de fer.
D'ordinaire, une telle mission n'autorise pas le repos. Une telle mission n'accepte pas les détours. Une telle mission ne survit que si elle est unique et prioritaire. Ce n'était plus le cas.

Las de ses errances et de ses investigations qui ne donnaient rien, Khrung quitta la Moria pour se diriger vers l'Isengard. Un message de Gandhalf lui avait fait savoir qu'il souhaitait qu'il s'y rende pour annoncer son arrivée à son supérieur hiérarchique, Saroumane le blanc...

Nul ne sait comment se déroula l'entretien entre le gardien et le magicien hormis ces deux personnes. Cependant un changement avait commencé à naître chez Khrung après son entretien. Lorsqu'il arriva au Belvédère enfoui, tous ceux qui le connaissait un tant soit peu eurent grand mal à le reconnaître.
Son physique était toujours le même mais c'est son attitude qui avait changé. Khrung était connu pour être quelqu'un de violent, de buveur, de facilement irritable, de voleur, de railleur. Et les gens le connaissaient et l'appréciaient (si ce terme peut être employé dans ce cas présent) comme tel. Tout du moins l'acceptaient-ils. Il était toujours le même voleur fourbe, de mauvais poil, vulgaire et violent, mais c'est l'intention qui était différente. Il était devenu quelqu'un de mauvais. De foncièrement mauvais. La plupart des gens pensaient juste que c'est parce que Khrung était dans une mauvaise passe mais quelques observateurs plus confirmés purent voir dans son regard un changement. Si on y regardait bien, on y voyait des flammes. Un palefrenier ayant irrité Khrung jura voir dans son esprit un immense œil énuclée nimbé de flammes.

Khrung sortit à nouveau des mines de la Moria et se mit à arpenter la Housaille en direction du nord.

Khrung ne put cependant dépasser les ruines d'Echad Eregion. En effet, un elfe sait reconnaître un esprit possédé par le mal quand il en voit un. Un tel espion ne pourrait demeurer en circulation une fois mis à jour. Ils furent quatre à lui sauter dessus pendant son sommeil afin de l'immobiliser.

Khrung parvint à se libérer d'un coup de pied dans le sternum d'un de ses opposants avant de sauter au nez d'un second, nez qu'il arracha de ses dents en une seconde. De retour sur pieds et n'étant plus prit au dépourvu, Khrung s'apprêta à combattre. Il ne portait pas son armure, ce qui rendait son style de combat habituel inopérant. Fort heureusement, il perfectionnait depuis quelques mois un autre style de combat à l'arme à deux mains basé sur l'esquive et la force d'inertie.
Rompant le silence du calme avant la tempête, Khrung bondit derrière un arbre en exécutant une cabriole maladroite. Ses opposants le virent sortir de là avec une énorme gourdin en chêne guindé de métal et doté de piques.

Une première attaque verticale fut porté dans le but de faire naitre la peur chez l'ennemi. Il écrasa totalement le crane de celui qu'il avait repoussé, repeignant de tons sanglants le sol et ses bottes. Une fraction de seconde plus tard, une lame jaillit d'un des replis de la cape d'un homme et déchira l'épaule gauche du nain.
- Ah vous voulez la jouer comme ça hein? Ok, bande de lopettes, on va la jouer comme ça!

Les yeux de Khrung était devenus totalement rouges, sans iris ni pupille. Il chargea droit devant lui, sa massue creusant un sillon sur le sol derrière lui. D'un geste rapide, le nain porta un coup au niveau des genoux de l'elfe, lequel parvint habilement à esquiver en sautant. Mais il n'avait pas prit en compte qu'une telle attaque donnerait à son assaillant l'élan suffisant pour effectuer un tour sur lui même avant de porter un nouveau coup sur son adversaire qui n'avait toujours pas touché le sol. Un craquement sinistre résonna dans la plaine, apprenant à tout ce qui pouvait entendre dans un rayon de 15m que 5 côtes d'elfe venaient d'être réduites en miettes. Le corps retomba lourdement au sol, inanimé. Jamais ils n'auraient cru affronter un tel adversaire. Ils n'étaient plus que deux désormais, et l'un d'eux avait la vue totalement brouillée à cause de son nez. La fuite devint le seul choix raisonnable et les deux se mirent à courir. Khrung ne put les rattraper mais sa colère fut atténuée par les 140 pièces d'argent et la broche en or des cadavres.
Au matin, Khrung quitta son campement provisoire, laissant les corps tels quels et posant délicatement quelques menus trophées d'orques qu'il avait récupéré plus tôt dans la grande prospection.


Le pion de Saroumane avançait inexorablement vers Fondcombe, dégageant une sombre aura, presque palpable. Les bêtes le fuillaient, hormis quelques crébains qui semblaient suivre avec grand intérêt ses moindres faits et gestes.

[hrp]Le post qui suit est le fruit de dame Améthiste. [/hrp]

Le passage de Khrung avait fait du bruit dans la région, les elfes d'Echad Eregion avaient envoyé des messagers avertir tous les camps alentours. Ils ne connaissaient pas les véritables intentions du nain, il valait donc mieux prévenir que guérir.
Améthiste, Oléna, Eladwen, Dalamyr et Ahadir voyageaient toujours groupé depuis que la confrérie avait été amputé de la moitié de ses membres. Ils venaient de terminer une quête dans le système hydraulique et rentraient au Belvédère enfoui. C'est là qu'ils eurent des nouvelles de Khrung. Ils en avaient eut auparavant par Beolho. Ils savaient qu'il était en vie mais ils ne l'avaient jamais recroisé.
Ces nouvelles ci furent tout à fait étranges.
"Si vous voulez mon avis, n'allez pas l'embêter...jamais vu de si mauvaise humeur." Disaient certains.
"Parait qu'il a broyé la tête d'un gobelin à main nue. Depuis quand un nain préfère son point à sa hâche?" Disaient d'autres.
Et la même question revenait chaque fois dans la bouche des compagnons: "Vous savez où est ce qu'il voulait aller?"
Les mineurs et les gardes de Khazad Dûm répondaient toujours: " Il nous l'a pas précisé, mais entre nous...y a pas dix chemins pour aller vers le seuil de Durin. Ca doit être par la bas qu'il a dû se rendre."
Amethiste proposa à ses compagnons d'aller au seuil de Durin pour voir ce qu'il en était. Elle se disait intérieurement que certes Khrung était un nain tout à fait à part habituellement, et qu'il n'était pas très étonnant de le voir broyer un gobelin mais elle avait un pressentiment, elle ne savait pas d'où il pouvait bien venir. Peut être était ce du à l'incompréhension qu'on pouvait lire dans les yeux de certains nains du Belvédère enfoui. Elle sentait que quelque chose n'allait pas et de toute façon elle devait retrouver Khrung pour lui annoncer une terrible nouvelle...

Malgré la petite taille de la lame qui l'avait perforée, la blessure était sérieuse. Le muscle avait été gravement touché et vu les petites affaires qu'il avait à régler à Fondcombe, mieux valait se reposer quelques jours.
Khrung établi un campement dans les bois de Pend Eregion et déposa divers pièges aux alentours. Quelques collets et un système d'alarme rudimentaire quoique toujours efficace.

Combattre sans armure lui avait été défavorable au final et il lui faudrait la garder sur lui. Cependant le port du bouclier lui était difficile et c'est seulement à l'aide d'une écharpe à son bras qu'il y parvint, bien que sa capacité à bloquer les coups était fortement réduite.

Avec un peu de chance il ne ferait pas de mauvaise rencontre durant les quatre jours qu'il comptait rester. Après cette affaire chez les elfes il faudrait qu'il chemine jusque dans la Comté afin d'y trouver Améthiste. Cependant l'assassinat de Glorfindel ne serait pas chose aisée et il devait pour le moment oublier ses sentiments personnels.
Saroumane avait été très clair, lui rendre ce menu service permettrait au nain d'être libéré de ces sentiments flous et confus. Plus de pensées imprécises et de questions sans réponse. Uniquement sa propre existence. Il devrait alors veiller à protéger sa seule personne et ne plus avoir à faire attention aux autres. Lui seul importait désormais.

La solitude est tellement mieux

Tellement mieux...

d'être seul...

seul...

seul...

seul...

On avait beau dire...poireauter au milieu de la campagne avec le chant des oiseaux comme seul compagnie, c'était vraiment un passe temps d'elfe...ou de crétin...bien qu'elfe et crétin soient un peu un pléonasme en soi. Dire que seulement deux jours se sont écoulés...


Cela dit la blessure guérissait bien et le plan d'attaque se peaufinait dans la tête de Khrung. Attirer Glorfindel en dehors de la ville, le blesser avec le stylet enduit du poison que lui avait confié Saroumane et attendre en maintenant la distance. Achever l'elfe une fois celui-ci à terre.

Puis il repensait au pacte...au départ c'est vrai que ca sonnait bien et juste...rendre un petit service en échange du soulagement total de son esprit. Bon c'était un gros service à rendre, il faut bien l'avouer. Et puis avec le temps, Khrung comprit que les retombées politiques seraient gigantesques. Tuer le fils d'Elrond pourrait entrainer son courroux et l'engager dans la bataille contre les forces de Sauron.

C'était donc ça...inciter les elfes à joindre leurs forces à la bataille contre le seigneur noir. Que la politique était compliquée! C'est bien pour cela que Khrung ne s'en était jamais préoccupé.

Mais pourquoi une telle odeur de peau verte et de soufre en Isengard? Oh et puis après tout qu'est ce que j'en ait à moudre? Bientôt je n'aurais plus à me poser ce genre de question...l'esprit libre! C'est tout ce qui compte non?